Les Instants infernaux
@ La fièvre de l’or
qui ruisselle de ton corps.
Désir encore.
@ Confusion
Quand tu entonnes
les chants d’infidélité
des femmes aux touffes de couleur,
le silence est terrible.
Notre chambre est veuve.
Ce que j’ai devant moi,
c’est mon passé.
Prisonnier des mirages
d’amours de corps aimables,
sous les remous d’un sang rebelle
et des noirs crachats des ténèbres,
je mourrai les yeux ouverts.
Principes Mâle et Femelle II 2004 jlmi
@ L’absente.
Homme et femme,
une bite et un con.
Que d’emmerdements.
Avide de vie
mais hanté par cette mort,
ma vie est vide.
Dis, quand reviendras-tu ?
@ Une plage, la
nuit.
La plage vide
avait des couleurs mortes.
C’était spectaculairement
érotique.
Cette nuit de folie rouge
à la profondeur émouvante
j’avais soudain tout oublié d’elle.
Jusqu’à son premier baiser !
Rafales de tristesse.
Je me salissais l’âme,
je baignais dans la pourriture.
@ Network
nightmare.
Voyages voyeurs
dans les fils de la Toile
aux éclairs de vulves.
Sur les cristaux liquides
à la lumière glauque,
des femmes gravides
aux ventres distendus
entrouvrent leurs sexes gras.
Les embryons se glacent
aux lèvres-mandibules
de leurs épeires blondes.
De ces vagins hurlants
à la face du monde
s’égoutte du sperme.
A ce spectacle triste
les Glaires Spectatrices,
mucosités gluantes
aux cortex décomposés
à l’éteignoir de l’alcool,
pleurent les humeurs vitrées
de leurs yeux rongés d’envies
Un miel de fiel
tord leurs nerfs incandescents,
charbons ardents du désir.
Au-delà,
à l’intersection
des lignes divergentes,
l’asphalte fondu.
Feu brutal de la clarté.
@ Les ventres blêmes.
Les rivières de chair
sous les ventres blêmes,
couleurs luxurieuses
et odeurs marines,
précipitent ma fièvre
et harcèlent mes nerfs.
@ Les fuites dérisoires.
Mondes travestis,
nébuleuses érodées,
vos corps s’emballent
au lit de la mygale
aux noirs dédales.
Plongés dans la débauche
de vos sens perdus,
vous ne sentez même plus
venir votre fin.
@ Et si...
(i.m. Louis Calaferte)
Sous vêtements de femme
éparpillés sur le lit.
Un soulier bleu renversé.
Sa voix est un râle doux
« Viens !
Fais moi l’amour que je ressuscite ».
L’eau trouble de ses yeux verts,
le fil de sa fente nue,
les algues de son sexe,
font d’elle une déchirure de beauté.
Je la parcours.
Elle est douce
comme une eau de fontaine.
Je sens mes doigts
avant d’y goûter.
Saveur qui rend fou.
où je découvre le parfum rouge de son âme.
Et elle ?
Elle cueille la nuit
de ses doigts longs et minces !
@ Soumission.
Mon corps de paille
cloué à tes solives
cherche son rôle.
Des larmes sèches
labourent mes joues glabres
où perle le sang.
Ma langue de bois
baignée par ta salive
accepte ta loi.
Enfin !
@ Women.
Je venais juste de lire dans un Bukowski :
« Les feuilles de papiers avaient le cancer »,
et la fleur de mort croissait dans mon ventre.
Sa danse était sexuelle.
Cependant, nul orgasme à attendre.
Seules l’angoisse et la douleur. C’est tout.
@ « T’as
baisé avec la Mort ? »
(i.m. Hank !)
Ce lac qui brûle,
c’est le miroir de ses yeux
la nuit de lune noire.
Elle est si mouillée
que son eau s’est déversée.
Odeur qui rend fou.
Sous la lune du ventre
l’eau acre de sa bière
dissipe ma soif.
@ La Duchesse
Violette.
(i.m. Violette Leduc)
Une goutte d’eau
s’est perdue dans le désert.
L’ombre de son corps
hante désormais mes nuits.
Quand
le grand nénuphar blanc
s’ouvrira de nouveau dans mon ventre,
le voile de la dame blanche
traînera sur ma lande.
***