D’un bois consumé…
***
Si près, si loin,
Vision fugace au cœur des trombes
d’obscurité
des frasques de fresques presque fractales
comme rêves en bouteilles jetées à la
mer
Venir à pied, de loin, de longtemps
pour se terrer ou se taire
au festin de la nausée.
Par des larmes incandescentes
donner le change
à la fille d’ennui
dont les lèvres de la chatte commencent à
pendre
et la peau, fripée, festonne au haut des
cuisses
Dans l’air, des bribes du requiem de
Mozart
chiennes errantes de la nuit en ces lieux
où les hommes chiens ne sont pourtant pas
bavards
claudiquant d’un coq à l’âne à
l’autre
Kaléidoscope du scotome scintillant
dans les yeux d’algues vagues
de ces serviteurs du vide
absurdement déments
attirés sans attirance
par la pâleur à faire peur à merveille
d’un soleil forant comme un trépan
une excavation spatiale dans une faille
temporelle
Une fois né, il faut suivre le mouvement
des eaux noires aux flots négatifs,
avancer confiant dans l’ultime maladie
sous l’irroration des notes cristallines
du violon des dunes dans un air granitique,
avancer le corps en fusion
au cœur du feu des passions
des si lointaines forges du plaisir
***
If these
Walls could talk
Dans
l’immense plaine pulvérulente
l’âme mystérieuse des millénaires
abolis
émergeait des forêts de la nuit
des excès de nos excès.
De ce bois consumé le feu ne tirerait
rien.
Jamais.
Fille dont le con me comble,
elle cache son inexistence
sous la soie sauvage de son paysage.
sombre beauté devenue belle
dans les draps de la nuit.
Dans son sommeil halluciné,
deux oiseaux d’or à ses oreilles,
ses yeux pénètrent sous ma peau
tel l’éclair obscur
d’une journée bleue comme la douleur.
***
Évidence d’une vulve chauve
Un vieux sage japonais stupide et mélancolique,
désemparé d’avoir jeté son eau par la
fenêtre
et brisé sa main sous la théière de
fonte noire,
écrivit sa vie sur une goutte de pluie.
Ainsi commença-t-il :
« La fée des neiges de la solitude
n’a jamais vu la mer
dans le petit lit de l’horizon.
Le murmure éternel du Silence Immuable
n’en finit pas d’emplir la fulgurance
du vide obscur
de gigantesques colonnes d’une brume
gluante et verdâtre
soutenant le toit du monde.
Ce soir, goût amer dans la bouche.
Pas une parole n’a passé mes lèvres
depuis des jours.
« Des fleurs meurent chaque jour
mais où part leur parfum ? »
me disait le
koan.
« Le péché le plus grave est
d’avoir raison. »
répondait encore mon cerveau hirsute et
chaotique
dont l’odeur de vacarme attirait les fougères
visqueuses
d’une guerre commencée depuis des
milliards d’années.
Les soleils amers des eaux du souvenir
tentaient de passer
sous les ponts de gravats putrides
déposés là par l’effondrement d’une
congrégation pitoyable
devenu sénile et sépulcrale
dans l’agonie de rocailles terrifiées
des ombres bleues du désir.
Des essaims de chevaux lunaires
tiraient le long fardeau brûlant
de poussières en suspension.
de mes os desséchés sur la sélène.
De ces attelages naissaient des atomes
d’imaginaire
émetteurs de lumière au sein de l’ondité
de l’univers creusée par les étoiles
tombées en larmes de soleil.
Dans les phrases de la fin de l’aube
montaient les murailles de mouches
au linceul millénaire de la mer lugubre.
Un suaire de nuages
horreur du moment de ce monde
recouvrait tout du silence de diamant
de l’ellipse des éclipses de
l’apocalypse.
Au sensuel de la ville d’en bas,
l’arc d’un parc marquait la voie
du déshonneur des honneurs oniriques.
Un pâle soleil vernissait un lac
au visage de rêves fantomatiques
avec autour des yeux les cernes mauves du
plaisir
d’un shogoun shintô en sfumato de
shantoung
mangeur de nuages et buveur de vent .
Nulle aventure ne dure... »
Il poursuivit longtemps de la sorte
Jusqu’à ce terme :
« ... un dernier rire sur des lèvres
mortes
comme perles de sperme au sein du vide
impassible :
« Sauver un grain de sable ?
Tout est bien, les chats dorment ! ». »
Il vit alors que la surface de la goutte
d’eau était encore intacte,
comme si rien, jamais, n’y était apparu.
C’est alors qu’il comprit de toute évidence
qu’elle était une perle de la rosée
d’une femme amoureuse d’une vulve
chauve.
Le désir passe fort
avant qu’au creux des corps
d’autres pages ne s’écrivent.
***
Paysage sur e-Makimono
Entre les lèvres blanches et charnues des
vagues,
une lune ondule
dans des remous aussi mous
que des assemblées d’algues.
Hululements de hiboux démentiels
Chaque nuit les étoiles apparaissent
dans les avenues d’années-lumière
peuplées du glapissements des phoques.
Train de nuit inéluctable,
des larmes de soleil traversent l’éther
en comètes fugaces.
Ces reines souterraines
aux grandes bouchées obscènes
de démence étrange et apocalyptique
surveillent les hommes et
veillent les journées insolites du
Bodhissatva de Big Sur
flottant inconscient avec le monde,
aigre fantôme pathétique livrant de
l’eau sur Mars,
trop fou pour savoir à quel point il est
fou
de tenter la traversée des milliards de
monde d’un simple grain de poivre
- où chaque atome est écrin vitupérant
de rêves fantomatiques -
au milieu de ces enchevêtrements
d’arbres
courbés, allongés, rabotés, poncés,
polis et blanchis
par des vents verts mangeurs de silence.
Au creux du chaudron du temps,
la voix des cailloux de la souffrance
forme des roues dans les ténèbres.
Dans une fureur bleue et jaune d’empyromancie
jaillissent les éternelles mélopées des
cercles lunaires,
longs sépulcres noirs des paroles vaines
et vides
et des musiques funèbres des soupirs.
Hommes monstrueux au visage énorme,
la crasse d’une grimace couvre nos yeux
de cauchemars à faire rêver
d’atomes d’imaginaire.
Coudre ensemble le visible et l’invisible
chacun doublure de l’autre.
Comme un paysage sur un makimono précieux
déroulé par des mains délicates,
écrire sa vie sur une perle de la rosée
d’une femme amoureuse d’une vulve
chauve...
Mais tout salut est scotomisation aigre et
amère:
la vie masturbe l’absurde.
*****
Un dernier rire
Au sensuel de la ville d’en bas
l’arc d’un parc marque la voie
de dense prudence
des danses arrondies d’hirondelles
sur les airs de sonates liminaires
d’un limonaire luminaire.
Les disques de chardons gigantesques
de soleils amers vernissent le lac
d’une sangsue alitée somnolente.
Le silence de diamant
des atomes d’imaginaire
donne aux visages sages
des allures de rêves fantomatiques.
Les chevaux lunaires aux sabots sibyllins
de la fée des neiges de la solitude
galopent en essaims browniens
et soulèvent un long fardeau brûlant
de poussières en suspension
comme perles de sperme au sein du vide
impassible depuis des millions d’années.
Le chant du riz durant la nuit
berce les cernes mauves du plaisir
de l’univers en creux formé par les étoiles
au dessus des étangs de fange couverts de
lotus en fleur.
Dans le vacarme des rêves sulfureux
l’horizon de bronze
berce encore les fulgurants amants alités,
émetteurs de lumière au sein des dualités
des horreurs de ce moment du monde,
corps en fusion
au cœur du feu des passions
des forges du plaisir.
Dans les phrases de la fin de l’aube,
surgissent les murailles de foudre
du linceul millénaire brodé
des ombres bleues du désir cataleptique
d’un dernier rire sur des lèvres mortes.
Sauver un grain de sable !
*****
D'un bois consumé...
(i.m. Michelangelo Buonarotti)
Illusion de la traversée du miroir,
la crasse d’une grimace couvre mes yeux.
Comme un aveugle, je suis le silence,
utopie de l’utopie.
Dans l’écrin écru d’un écran d’écrits
vains et vides,
je couds ensemble
le passé et l’avenir,
le début et la fin,
le néant et le tout,
le fini et l’infini,
le visible et l’invisible,
le conscient et l’inconscient,
afin qu’en chaque paire,
l’un soit doublure de l’autre.
Sidération du plein par le vide.
Lors, sur une agonie de rocailles terrifiées
aux ombres bleues du désir
s’éclipsent les ellipses de
l’apocalypse.
Un paquet compact de temps impavide
aux variations incantatoires de mélopées
onomatopéiques
entrouvre le traité des coniques d’un
Hyde hystérique.
Par la fenêtre entrebâillée
en contrepoint à tes sanglots
voluptueusement fredonnés,
des larmes de soleil traversent la nuit
sur les bribes nostalgiques
d’un tango argentique.
Chaque atome est écrin vitupérant aléatoire
de cauchemars à faire rêver
de l’imposture au suaire de nuages
de la pacotille spectaculaire de
l’histoire.
Dissolution du présent dans l’absent,
des jaillissements métamorphiques
d’encre de chine archaïque
sur un papier de riz jauni
humanise une chaise,
et objective un visage,
évènements imprévus
surgis en rédemption
d’un ordre établi démentiel.
L’esprit s’éparpille.
Signes flottants ;
Absurdité métaphysique ;
Irrémédiable du quotidien :
la vie est une chambre triste.
D’un bois consumé le feu ne tire rien.
****
Le plaisir d’y mettre fin
Nulle aventure ne dure jusqu’à l’heure
où la lune s’effiloche.
Tant de choses font oublier bien des choses
dans les mouvements obscurs du sol.
La voix des cailloux de la souffrance forme
des roues dans les ténèbres
Roues des mots.
Mots missiles, mots fossiles.
Mots à seconder la confusion universelle.
Nous vivons tous d’une manière qui nous
échappe
et masturbe l’absurde,
décousue, incohérente, esclave.
Nous passons des années à chanter en
gisant,
à ajouter de l’isolement à
l’isolement.
Ma voix pierreuse graille la pluie de
ferraille rouillée d’une vie,
longue monodie d’ivrogne
dans son environnement d’ennui sans fond,
là où rien n’excuse d’exister.
Mon regard ne se pose que sur les choses
et depuis bien longtemps évite
soigneusement les gens.
J’appartiens au profond silence.
J’en possède la liberté.
Liberté du silence. Liberté de la
solitude.
Solitude d’une vie passée à hésiter
face au plaisir de coudre ensemble visible
et invisible.
Solitude d’une vie passée à hésiter
face au plaisir d’y mettre fin,
***
Les Portes bleues du Rêve
Dans la nuit de mon esprit
la vie n’est que traversée
de l’immense océan de ma propre folie
dans un avion en flamme
baigné par une merveilleuse petite lumière
dorée, dans le soupir des étoiles
heureuses
au phosphorescent pouvoir cuivreux.
Les effusions baveuses d’une lune
bouillante
donnent des frissons aux lueurs d’argent
à quelques rares volutes rouillées
d’une longue houle floconneuse
aux yeux oxydés empleins de fleurs de
mort.
Au dessus de la morne eau grise,
je découvre au matin une terre incomprise,
au large paysage vigoureux et sauvage
où l’Épieur de Lune,
accoucheur de bêtes folles
hurle, moignons ensanglantés,
ses longues monologuées fertiles
sur les tas de bitume noir coulés dans des
baignoires.
Au cœur des brumes diurnes
en remontant l’amer torrent du temps
et de la souffrance au ventre liquide,
je croise l’Épieuse de Dune
allant son pas de sphaigne
telle un tampon spongieux garni de phasmes
fantastiques.
Tout est tentation.
Au pied d’une colonne rocheuse à tête
de pilastre,
nu au soleil,
les yeux secs,
charitable, égoïste, extatique et dément
je lui donne par devant, par derrière
à la seule force du poignet
mes grands orages aux glands oranges
qui lèvent la poussière en cresson d’émail
au cœur du chancre d’ivoire de son puits
caché.
Dans le fauteuil du tigre où les amants
s’ébattent
les ailes déployées pleurant des larmes
de musique
sur un tapis de gazon bleu,
la preuve par le miel est l’avenir d’un
l’enfer
aux yeux géométriques de grillage étrange
en forme de miroir du mensonge.
Le mensonge ? Voyons ! Rien de
plus banal.
Les gourous vont bien là où çà va
mal...
... mais jamais au-delà des Portes bleues
du Rêve
***
Le soleil est nu, la lune aussi !
Dans la torpeur torride de torrentielles
tropiques
la Dame Aveugle à la peau d’éponge
exclue des esclandres exclamatoires
invente des lueurs pour éclairer mes ténèbres.
Cathédrale barbare ceinte d’ombre,
Aruspice de mes délices,
Dame Noire de mes plus fous espoirs
Dame Blanche de toutes mes avalanches
ou Dame Rouge de tout ce qui me bouge,
elle m’empêche de dormir dans mes pâles
évidences
sous les arbres glabres aux bruits de
sanglots.
Elle souligne la mer de la nuit rose d’un
horizon très proche
et déploie mes ailes d’oiseau ivre.
Sur un tapis de gazon bleu
sous une lune couleur de sang
la tristesse d’eau d’un chœur
d’enclumes
m’envole au-dessus du vent clairvoyant.
Me voici tout soudain parti tra la li
saupoudrer de terre avinée
les seins dansants des Femmes Arc en Ciel
gorgés des froideurs du soleil de minuit
sous une pluie à ne pas jouer dehors.
Elles sont là fuégiennes fugaces parées
de fuchsine
comme henné face à leurs amants, futiles
et délirants tatoueurs
aux doigts de fuchsia aiguille...
Tout aussi soudain me voici revenu tra la
li lu
Alors la Dame Aveugle à la peau d’éponge
m’échoue loin, très loin,
loin des chambres inabstraitables de passé
obscur,
loin des eaux cendre d’un tendre bois
consumé
là où tout finit par
dispar-être.
Le soleil est nu, la lune aussi !
***